Eloge de la lenteur
Bonjour,
Ce dimanche 12 février, l’Eglise rendait hommage aux acteurs de la Pastorale Diocésaine de la Santé, ces personnes bienveillantes et engagées qui vont visiter des malades, des souffrants, des vieillards isolés , pour les écouter, prendre du temps avec eux et les ouvrir au monde extérieur.
Que ce soit à l’hôpital, à la clinique, dans les EHPAD, à domicile, ces rencontres témoignent d’une société capable de se montrer gentille, indulgente, patiente, attentionnée envers autrui, et cela d’une manière désintéressée et compréhensive.
Dans ce XXIème siècle pressé où l’on s’efforce de gagner du temps de travail pour mieux le perdre en temps de loisir, il devient difficile, sinon indécent, de faire l’éloge de la lenteur !
Et pourtant : dans ces rencontres informelles de la Pastorale de la santé, la seule présence, silencieuse, d’une personne venue visiter une autre souffrante ou vulnérable, prend tout son sens.
Prendre son temps, entrer paisiblement dans la relation avec tous les sens en éveil, c’est la toute première démarche du bénévole qui a appris que la parole est parfois inutile puisque personne ne sait parler de la maladie, …la maladie qui échappe aux mots.
C’est dans le regard de la personne alitée, affaiblie où l’esprit ailleurs, que se lisent les mots. Ces mots indicibles, on va les troquer, les échanger contre un geste, une posture amicale, une pression de la main…
Accepter la rencontre, consentir à l’échange peut s’exprimer de façon muette, en retenant ses larmes , du bout des lèvres… Et puis, vient la confiance et la parole se libère.
Combien de temps dure la visite du bénévole à l’hospitalisé, au vieillard blotti dans son large fauteuil à l’EHPAD ? Nul ne aurait estimer ce temps particulier où le visiteur ose partager la vulnérabilité d’un patient qui vit l’expérience de la perte, de la précarité, du dépouillement.
Il faut du temps pour saisir la lueur d’un regard, l’esquisse d’un sourire, et c’est dans la lenteur, attentif au silence habité, que le visiteur et le visité nouent une relation toute en humanité.
Dimanche, Pastorale de la Santé, mardi soirée de la Saint Valentin. Quel rapport, me direz-vous ? J’ai cherché et j’ai trouvé : le rapport, c’est celui de la rencontre, rencontre amoureuse où le poids d’un regard l’emporte sur la légèreté des mots.
La saint Valentin, c’est juste l’occasion de prendre du temps ensemble, face à face, en tête à tête pour retrouver le goût des premiers émois au delà des routines.
L’éloge de la lenteur et du silence, voilà qui vient redonner de la saveur à notre manière d’être au monde, ne trouvez-vous pas ?