Emission RCF « la maltraitance » par Anne-Marie Bernis
La maltraitance
Bonjour,
Après les révélations du livre « Les Fossoyeurs », la question de la maltraitance en maison de retraite s’est imposée dans le débat public.
Les plaintes se multiplient, les familles s’inquiètent, on parle de nourriture rationnée, de toilettes bâclées, d’intimité bafouée, d’isolement, mille facettes de la maltraitance sont mises à jour.
Je pense spécialement à tous les résidents en fin de vie dans les EHPAD et autres structures qui sont atteints de la maladie d’Alzheimer et qui sont les plus exposés, par leur fragilité, à ce qu’on appelle la maltraitance, un concept non défini par la loi jusqu’en janvier dernier, quand l’Assemblée Nationale a voté une définition qui rentrera dans le code de la santé et qui vise, en priorité, la protection de l’enfance avant d’être étendue aux personnes âgées.
Je vous lis cette définition : « la maltraitance vise toute personne en situation de vulnérabilité lorsqu’un geste, une parole, une action ou un défaut d’action compromet ou porte atteinte à son développement, à ses droits, à ses besoins fondamentaux ou sa santé et que cette atteinte intervient dans une relation de confiance, de dépendance, de soin. »
Il est sûr que le manque de personnel, la rationalisation des soins, la situation sanitaire liée au COVID ont fait surgir des situations qui ont ébranlé les familles, éveillé leur méfiance, le tout couronné par la sortie de ce livre enquête « Les Fossoyeurs » très médiatisé.
En fait, on ne doit pas voir la maltraitance partout, dans une chute, des bleus sur le corps, une perte de poids, des plaintes répétées.
« La frontière est parfois floue entre négligence, maltraitance délibérée et incidents dus au processus de vieillissement » affirme un médecin généraliste dont la mère est hébergée en EHPAD. Récemment sa fille s’est inquiétée car sa grand-mère avait des bleus sur les bras. Elle imaginait déjà le pire, sauf qu’avec l’âge et les médicaments, la peau devient très réactive. « Après enquête, j’ai su que ma mère s’était cognée contre les meubles, en marchant », poursuit-il.
Des malentendus apparaissent autour de la nourriture : « ma mère maigrissait et j’ai appris quelle renvoyait ses assiettes pleines. Pour les avoir testés, les repas étaient de très bonne qualité » témoigne une autre fille de résidente.
N’oublions pas, qu’en fin de vie, les personnes âgées perdent l’envie de manger.
De même, les malades atteints de la maladie d’Alzheimer, appelés « déambulants » vont arpenter les couloirs jusqu’à l’épuisement.
« Doit-on accepter de les voir tomber avec les risques de fractures afférents ou les contentionner , ce qui est parfois encore plus mal vécu par les familles » renchérit un médecin coordinateur d’un EHPAD.
Des dilemmes éthiques apparaissent quand un résident, à l’inverse, refuse de marcher et préfère rester dans son fauteuil. Que faire ? On insiste une fois, deux fois, mais on ne va pas le faire lever de force !
En réfléchissant, on discerne que les enfants en souffrance, ressentent une forme d’échec de n’avoir pu épargner à leurs parents l’EHPAD et, d’un autre côté, on constate que des soignants qui sont par définition « bienveillants », mais en sous effectif chronique, ne peuvent assurer dans tous les cas leur mission comme ils le voudraient.
Pour restaurer la confiance, il est nécessaire que les cadres de santé face aux familles invitent celles-ci à s’informer, à discuter, à communiquer et à s’investir dans les « « conseils de vie sociale » proposés par la plupart des EHPAD, et, bien entendu, que cette transparence se manifeste au niveau de la prise en charge, avec des contrôles, sans stigmatiser les établissements.
La Haute Autorité de Santé a présenté, le 10 mars 2022, un nouveau référentiel d’évaluation pour les établissements sociaux et médico-sociaux. Une liste de 150 critères dont le respect des droits à la personne hébergée, la place accordée aux proches dans les décisions ou la formation du personnel aux questions éthiques.
Objectif affiché : prévenir toute forme de malveillance et j’ajouterai la belle formule d’une directrice d’un EHPAD : «Il faut traiter nos résidents comme s’ils étaient nos parents ».
Une réflexion qui alimente la problématique récurrente d’un choix de société : nos parents, quand ils deviennent dépendants, devront-ils rejoindre obligatoirement un EHPAD ou trouverons nous, enfin, des moyens supplémentaires pour permettre leur maintien à domicile, avec tous les soutiens, toutes les aides que cela nécessite?
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