Emission RCF « Maison de retraite » par Anne-Marie Bernis

2 février, 2022
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Maison de retraite

Bonjour,

Je viens de voir, en avant première, le film « Maison de retraite » avec Kev Adams.

La salle de cinéma était remplie de spectateurs de tous âges, et j’ai quitté cette salle bien contente, d’une part de constater que le public revient, même masqué, et, d’autre part qu’il trouve de l’attrait à regarder un film sur les personnes âgées en maison de retraite.

Kev Adams, vedette principale et coauteur du film, était venu en personne le présenter, ce qu’il fit avec gentillesse, humour et persuasion sous les applaudissements répétés.

Bref, un après-midi qui  ragaillardit quand on est encore tout chahuté par le scandale révélé de certains EHPAD (Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes).

Oser mettre en scène des acteurs très connus et très vieillissants  dans des situations scabreuses au sein d’une maison de retraite demande du culot. Et, j’attendais plus ou moins d’être gênée, embarrassée par certaines scènes abordant les besoins intimes, et bien, pas du tout.

Sans masquer les réalités dues à la dépendance des pensionnaires, le metteur en scène nous livre avec adresse et légèreté des moments délicats interprétés avec finesse par nos célèbres acteurs.

Tout ça pour dire : courez voir ce film pour vous consoler de prendre de l’âge et assaisonner celui-ci d’un peu d’humour !

Ouvrons notre esprit et notre cœur. Bien entendu, dans cette maison de retraite qui n’a rien d’original, on trouve le malade d’Alzheimer joué par Daniel Prévost. La situation est traitée au 2ème degré, mais, ce que je retiendrai, c’est l’integration de ce malade dans un groupe de 7 personnes, qui veillent sur lui avec sollicitude et bonhommie, acceptant ce handicap de l’oublieux, comme ils acceptent les faiblesses des uns et des autres.

En ces temps de confinement, dans les maisons de soin de nos personnes âgées entrées en solitude, il est bon de s’interroger sur les manières de s’approcher de « la nouvelle personne » qu’elles sont devenues.

Que répondre à la question « Qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas »

Question prévue, attendue au moment où la main ouvre la porte de la chambre. Avant même de pousser la porte, il faut prendre un temps de réflexion, le malade d’Alzheimer est tout entier dans ses émotions, dans son ressenti. Il perçoit le stress du visiteur, lui-même est stressé par son environnement qu’il n’a pas choisi et qui lui échappe. Le rejet du visiteur stressé devient une défense, une stratégie de survie.

Donc, il est nécessaire de ne pas ajouter de stress, de laisser dehors ses préoccupations avant d’entrer, et de rechercher un état neutre.

A peine la porte poussée, tester la distance de confort, ni trop près, ni trop loin, suivant l’état de la personne visitée.

Ensuite, observer attentivement la personne avant de chercher un contact avec elle, et, subtilement, se caler sur sa respiration, ce qui crée un lien profond.

Quelqu’un de familier, c’est quelqu’un avec qui on se sent à l’aise, une personne perçue comme amicale.

S’il arrive à se synchroniser  tant soit peu avec le malade, le visiteur commencera à se sentir bien.

Les mots prononcés seront dans le même rythme, le même débit, le même ton de la voix pour faire circuler une énergie bienveillante entre les deux personnes.

Toutes ces postures, réfléchies et mises en acte, devraient rétablir la chaleur du lien, une relation familière.

Colette Roumanoff pourrait conclure : « Pour être à l’aise avec autrui, il faut d’abord être à l’aise avec soi-même ».

Au revoir, et bon cinéma !