Parole de confiné Comment s’est passé le confinement : BIEN !

22 juin, 2020
0 commentaire

J’étais confinée avec mon mari dans un appartement assez spacieux, sans balcon, sans jardin, … avec
une belle vue au loin sur le port, le village des chalets, la mer….. Ce devait être suffisamment
harmonieux puisque nous n’avons pas envisagé le divorce à la fin…. A moins que ce soit la peur de la
fin proche qui ait modéré nos élans …..
Une aubaine, des travaux de rénovation de l’appartement en attente depuis des mois, par chance le
revêtement du sol attendait patiemment dans le garage…. Les travaux avancent, autant remettre aussi
l’électricité aux normes, tant qu’à faire le placard est à raccourcir, la cuisine à rafraichir, les portes à
poncer et à repeindre…. Bref ça part dans tous les sens, pas de peinture, ni de panneaux, des câbles à
acheter……les magasins sont inaccessibles… La plupart des chantiers sont ouverts, j’aurai pour ma part
souhaité encore un peu de confinement pour terminer les travaux ! Maintenant la vie a repris son cours.
Les personnes qui vivent avec des bricoleurs me comprennent, ils se dispersent dans toutes sortes
d’autres activités. J’attends avec impatience le prochain confinement pour terminer les travaux !
Par nos sorties 1 Km, 1 heure nous connaissons toutes les petites rues, aux alentours. Un cercle sur
une carte de 1 km, pour respecter les limites, au cas où….. Deux Pech, le port, l’étang, le vieux village,
…. Les parcours étaient diversifiés. Au début du confinement très peu de volets étaient ouverts. Ce sont
des résidences secondaires. Un « coucou » aux copains confinés dans leurs bateaux, pour une
causette avec distance de sécurité, en train d’entretenir leurs bateaux. Au début nous allions même à la
plage, on ne rencontrait personne et on ne comprenait pas pourquoi on ne devait plus s’y rendre car à
part les oiseaux, personne à contaminer ! Pendant nos sorties à heures variables, nous rencontrions
invariablement à n’importe quelle heure une amie, ses attestations réglementaires successives
classées dans ses poches ! Au fil du confinement les volets se sont ouverts de plus en plus, et nous
rencontrions aussi davantage de personnes sans que ce ne soit la foule !
Le plus stressant était de s’approvisionner. Je faisais les courses en gros tous les 10 jours
approximativement. Munie de gel, masque, gants et… stress. J’y allais aux heures creuses.
Harnachée, je prenais mon caddie avec mes gants. Quelle gymnastique pour prendre dans les casiers le
pain et le couper. Je sortais le pain de son casier grâce au levier avec le gant. J’enlevais le gant pour
prendre mon pain. Avec l’autre main gantée je soulevais le couvercle du hachoir. Je posais le pain,
refermais le couvercle avec la main gantée. Appuyais sur le bouton pour activer la machine. Ouvrait le
couvercle, Otais les gants. Prenais un sachet pour enfourner le pain coupé, remettais les gants pour
fermer le couvercle. Un moment d’inattention et hop le pain se retrouvait par terre ! Pour simplifier, j’ai
fini par couper mon pain à la maison. Ne parlons pas des personnes avec masque maison qui laissaient
dépasser le nez et qu’il fallait éviter lorsqu’elles s’approchaient d’un peu trop près. En réfléchissant,
c’était à peu près la même démarche pour ranger ses affaires dans le coffre de la voiture, en ouvrant
avec la clé, à ne pas contaminer, et remettre le chariot en place après avoir récupéré la pièce ! Inutile de
dire que faire ses courses était épuisant ! Il fallait le reste de la journée pour s’en remettre.
Il y a eu quelques temps forts. Une blessure à la tête en voulant refermer la porte du garage. Appel du
15. L’hôpital est réservé aux patients du Covid, pas de prise en charge pour les autres. La clinique est
quasi vide. Les lits dégagés pour le Covid, en attente. Toutes les précautions sont prises, je dois
attendre sur le parking que mon conjoint revienne avec ses points de suture. Quelques jours plus tard il
bavarde sur le quai avec son médecin traitant, qui n’arrive pas à avoir de masque ! Les gendarmes les
rejoignent puis repartent en voyant le pansement sur le front. Mais auparavant ils contrôlent l’attestation
d’un passant avec son cubitainer de vin rouge, achat de première nécessité !
Le marché a fini par se réorganiser, avec barrières, sens de la marche, masques…. Toute contente j’y
suis allée. Mais dès l’arrivée je suis envahie d’un stress intense. Je le surmonte. Le plaisir du marché
s’est envolé. Je mets un masque il faut retirer de l’argent au distributeur. Flute, j’ai oublié le gel.
Panique, je retourne à la voiture pour le chercher. Le maraîcher du coin a organisé ses stands n’importe
comment. Les gens se croisent sans masque. Je choisis mes fruits, les repose. Je réfléchis, ça me
stresse. Que cinq stands, mon boucher n’est pas là ! Les courses sont vite faites, je prends le
minimum et repars. La semaine suivante, davantage de stands, mais sens de la marche. Mon
producteur préféré se trouve près de la sortie. De ce fait je commence par lui, fait le tour du marché,
achète ses produits, ressors, refais le tour pour compléter. Zut j’ai oublié un achat, je ressors et reviens.
Parait que bientôt, il y aura un marché sans masques et sans sens de circulation ! OUF !
Au fil des discours, je trouvais que transpirait une impression insaisissable de jouissance de nos
«Sachants et Politiques » qui m’insupportait. J’ai gardé cette idée saugrenue soigneusement pour moi,

commençant à douter de mes réactions. Quelques jours plus tard, me sont parvenus des témoignages
sur le confinement. Celui de Michel Foucault m’a un peu rassuré. N’aurais-je pas ressenti quelque
chose qui ressemble à ce qu’il appelle « Pour voir fonctionner les disciplines parfaites, les gouvernants
rêvent de l’état de peste » ? Cela me rassure un peu ! Il est temps que ce confinement se termine…..
Le positif est que j’avais du temps pour moi, lire, étudier l’espagnol, cuisiner plus créatif, ça se voit aux
kilos pris ! Internet chauffait aussi, ainsi que le téléphone. Mais au fur et à mesure du confinement,
l’ardeur diminuait, lorsque les morts s’accumulaient et que les informations contradictoires étaient
diffusées, un mort connu par ci, un autre par là. Et c’est avec plaisir, dès le dé-confinement, que j’ai
reçu une partie de mes petits enfants, confinés avec rigueur, avant qu’ils ne se contaminent au risque
de nous transmettre ce fameux virus. Ceci a permis de sortir d’une torpeur vers laquelle petit à petit j’ai
glissé au fil du temps.
Le dé-confinement a révélé par contraste l’engluement progressif vers un état de plus en plus apathique.
Il était vraiment temps que la vie reprenne ses droits ! Il reste cependant encore un stress latent dans
certaines circonstances. J’apprécie les grands espaces et appréhende de retourner dans les magasins,
la foule…..
Je me demande comment vivent, ou végètent, les personnes confinées dans leurs chambres dans les
EHPAD, et qui à ce jour, ne sont pas toujours dé-confinées ?