
Parole de confiné: Vécu singulier au cours de ce temps de confinement. Celui là n’est pas signé
Premières vacances depuis le mois de novembre (placement de ma belle-mère le 19 décembre).
Ce n’est pas la grande forme, loin de là. Culpabilité de ne pas avoir réussi à nous occuper de ma
belle-mère
Les derniers mois ont été épuisants avec leur lot d’insomnies, d’alternance d’accalmies qui
diminuent et en même temps l’intensité des crises qui augmente.
Nous allons la voir régulièrement ; mon beau-père tous les 2 jours et ils déjeunent ensemble tous
les dimanches.
En avant vers nos Alpes, pour une semaine, avec des idées de repos et de ski.
La connaissance de l’épidémie est là, c’est certain, cela arrive, se rapproche.
Un coup de tph de l’EHPAD (en cours de route) nous demande de prévenir mon beau-père de la
restriction sévère des visites puis ce sera l’interdiction formelle.
C’est un choc ; et tout de suite la certitude que ça va être compliqué de faire comprendre ce
phénomène abstrait, lointain, face à la réalité de l’absence, de la solitude à une personne qui n’a
jamais connu un tel phénomène qd elle était en bonne santé.
Nous comprenons tous les deux que les projets de repas pour son anniversaire, les rdv
dominicaux, tout ça est terminé.
Arrivés dans nos Alpes, la réalité de l’épidémie prend corps, premier arrêt chez notre belle-fille,
IDE, qui travaille dans le service COVID créé à Briançon et en pleine action car les premiers
patients étaient présents à Mulhouse.
Le soir même rencontre avec notre fils, lui-même en contact avec une personne dont le mari est
en réanimation à Marseille(mise en quarantaine de ce drenier le lendemain).
Nous espaçons les rencontres, les retrouvailles et échanges de toutes sortes et commençons
sérieusement à envisager le retour (15 mars) en ne retournant pas voir mon beau-père pour
l’épargner.
Le confinement devient effectif.
Nous prenons des nouvelles et apprenons que l’EHPAD a mis en place un confinement
uniquement pour les repas, mais que nombre de résidents ont besoin de déambuler.
Que faire pour maintenir le lien ?
Nous postons des photos (exposées et commentées par le personnel).
Nous avions de bons contact avec une IDE qui grâce à sa disponibilité et à WATTSAPP nous
permet au moins 2 fs/semaine de voir Maryse et de la rassurer.
Ca a l’air d’aller…deux de ses arrières petites-filles lui écrivent.
Le temps passe, nous sentons une sorte de fléchissement, d’apathie l’envahir, elle essaye moins de
s’exprimer, refuse même quelques fois de parler au tph.
Le personnel partage notre inquiétude de la voir ainsi glisser doucement.
L’animatrice met en place 2 rdv / semaine avec SKYPE, ils nous rassurent ou nous désespèrent
c’est selon mais cela reste un lien direct.
A cette infinie tristesse s’ajoute les chiffres des décés en EHPAD;
Chiffres, graphiques, infos dramatiques, difficile d’echapper à ces infos anxiogènes.
Déjà rongés par la culpabilité, se met à monter une panique terrible.
Les échanges ont toujours été facilités par le personnel fort dévoué.
Mon beau-père de son côté a stoppé net ses sorties et a conservé ses quatre visites / jour à
domicile : IDE et assistante de vie pour les repas portés à domicile (ouf! merci Pascale!).
Nous avons senti que les 3 dernières semaines étaient plus difficiles, même si nous avons
augmenté les coups de tph 3 / jour ,histoire de discuter de tout et de rien, le soutenir.
En allant à la pharmacie une IDE lui propose d’échanger par la baie vitrée quelques signaux avec
sa femme…TERRIBLE.
Le lendemain, elle a tph à mon beau-père pour lui dire qu’ elle avait été extrèmement perturbée à
l’issue ; il ne renouvellera pas.
Cahin-caha en alternant les coups de tph et les séances vidéos, nous sommes arrivés au bout de ce
temps de confinement…et la possibilité d’une rencontre (encadrée, aseptisée, froide, …) est
arrivée.
Et bien, là encore, le masque et l’ouie défaillante d’un côté, le masque, l’aphasie et l’impossibilité
d’avoir un contact physique de l’autre ont donné un résultat désatreux. Pas de renouvellement de
visite, trop pénible.
Nous avons continué les rdv tph régulier et poursuivons en attendant de vraies visites avec contact
physique.
A ce jour nous apportons à l’EHPAD, des vêtements , des produits de toilette et continuons à tph à
ma belle-mère.
Nous avons pleuré à chaque coup de tph, et ça se confirme, la culpabilité n’est pas soluble dans
les larmes !
Nous avons bien ri lors des échanges WATTSAPP entre amis et membres de l’association, ces
vidéos légères et souvent drôles ont apporté un peu gaieté, de complicité.
Et surtout nous avons renforcé notre lien et notre confiance avec le personnel qui est vraiment à
sa place et fait preuve de dévouement.
Bilan :
– ma belle-mère ne comprend pas cette forme d’abandon ;
– mon beau père attend de retourner voir sa femme car les échanges tph n’apportent pas
grand chose (pb audition pour l’un, d’élocution pour l’autre), mais il persévère pour sa
femme ;
– nous continuons les appels car nous (re)sentons son « état de santé », son moral, son anxiété
ou son relachement, ….
Rien de satisfaisant, mais, mais …. le « contact » demeure. Triste consolation !
Contacter l’association
- Alzheimer : un autre regard
14, avenue de l'Abbaye
11160 Caunes-Minervois
- 06 78 03 55 46
- alzheimerunautreregard@gmail.com
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